Smartphones, ordinateurs : les algorithmes nous contrôlent-ils réellement ?

Laetitia Asgarali Dumont | Reportage de David de Araujo
Publié le 27 décembre 2022 à 21h21, mis à jour le 28 décembre 2022 à 9h57

Source : JT 20h Semaine

Grâce à nos smartphones et ordinateurs, les algorithmes se sont fait une place de choix dans notre quotidien.
Ils sont utilisés par les réseaux sociaux, sites internet et applications pour nous proposer un contenu et des produits adaptés à nos besoins.
Le 20H de TF1 vous dévoile les secrets de ses algorithmes, qui veulent toujours en savoir plus sur nos vies.

Une technologie a porté de clic. Chaque jour, les algorithmes nous accompagnent partout au travers de nos smartphones et ordinateurs. Sans nous en rendre compte, nous utilisons ces programmes informatiques au quotidien. C'est le cas par exemple quand on recherche l'itinéraire le plus court, les vacances de nos rêves, ou encore les dernières actualités. 

Derrière chaque besoin de notre vie, se tapit un algorithme. Certains pourraient même décider à notre place, nous connaître mieux que nous même. Alors faut-il en avoir peur ? Que se passe-t-il de l'autre côté de la machine ? Le 20H de TF1 a enquêté pour savoir ce qui se cache entre ses lignes de codes, de plus en plus intrusives.

Un algorithme, c'est d'abord une formule élaborée par un humain. Un concepteur, le plus souvent payé par une entreprise. Sa mission ? Vendre des services en répondant à nos demandes, le plus précisément possible. "Un algorithme, c'est un ensemble d'opérations qui vont être exécutées dans le but de résoudre un problème, ou de répondre à une question. Pour vous donner un contenu à regarder, pour vous donner un chemin pour arriver le plus rapidement possible, etc.", explique dans la vidéo en tête de l'article, Aurélie Jean, docteure spécialiste des algorithmes.

Les algorithmes recueillent des données sur nous à chaque mouvement sur le web

Pour nous proposer tous ces contenus, les algorithmes s'appuient sur nos informations personnelles, celles que nous semons tout au long de notre vie numérique. Ces données permettent de personnaliser notre expérience, de nous orienter vers un site, vers une vidéo ou un film, plutôt qu'un autre.  On peut avoir l'impression d'être écouté par notre téléphone ; en réalité, ce sont les algorithmes qui apprennent de nos goûts et en déduisent des envies. Comme le souhait de changer de box internet, ou de redécorer notre salle de bain. 

C'est précisément le modèle des sites de rencontres. Deux prétendants du même sexe ayant les mêmes préférences, le même âge, se voient proposés des alter egos très différents. Pourquoi ? La sociologue Jessica Pidoux nous l'expliquent. "Ces sites de rencontres sont alimentés par nos préférences, recueillies aussi ailleurs que sur la plateforme de rencontres en elle-même. Mon comportement sur Amazon, sur Instagram, les chansons que j'écoute sur Spotify, vont influencer qui on me présente sur une application comme Tinder", analyse-t-elle.

La personnalisation faite par les algorithmes peut aller parfois jusqu'à l'extrême, au risque de s'enfermer dans ce qu'on appelle, "une bulle". Cela veut dire qu'internet ne nous propose plus que des contenus compatibles avec nos recherches, et donc notre vision du monde au détriment de toute autre. Notre société entière dépend aujourd'hui de calculs. Comme avec les voitures autonomes pour éviter les accidents ou les caméras de surveillance à reconnaissance faciale. Il existe en fait un algorithme pour chaque usage ou chaque enjeu.

En France, la loi Informatique et Libertés, ainsi qu'une loi européenne, encadrent l'utilisation de nos données personnelles. En principe, impossible de les utiliser sans notre consentement. C'est ce fameux message sur les "cookies" qui s'affiche dès que l'on ouvre une page internet. "Très souvent en effet, on nous donne bien cette possibilité de les accepter ou de les refuser. Très souvent, le choix est binaire. C'est-à-dire que si on refuse, on a accès à rien. On a tendance du coup à dire 'j'accepte tout' sans lire", expliquent Thierry Vedel, chercheur en sciences politiques au CNRS.

L'Europe réfléchit aujourd'hui au moyen d'encadrer et de corriger les algorithmes, avant leurs mises sur le marché. Cette régulation permettrait d'éviter certains scandales récents : comme avec des programmes de recrutements sexistes, ou des logiciels discriminatoires.


Laetitia Asgarali Dumont | Reportage de David de Araujo

Tout
TF1 Info